REGRETS

DNSAP avec Félicitations du Jury

2024.09.19 - 22

Beaux-arts de Paris, France

Personne ne s’attendait à ça. L’ancien vestibule de l'horloge de l'école baignait dans la lumière du matin, les installations de la jeune plasticienne s’articulaient brillamment autour de la thématique du deuil – la perte récente du grand-père étant mentionnée tôt au visiteur –, un œuf cuit par la chaleur de la résine qui l’englobe, une fausse table funéraire (récupérée dans un décor de cinéma) avec un trou pour cacher la jambe supposément amputée, un vieux miroir triptyque ayant appartenu à la grand-mère de son petit ami cloué très haut sur le mur, tout ça sous le regard d’une présence physique qui semble étrange au milieu de tout ça, quasiment saugrenue, le père de l’artiste en costume-cravate noir. Ce dernier parle parfois, il sort une blague de papa, il participe – on ne sait pas trop à quoi. Puis, Ruoxi Jin demande aux visiteurs de la suivre pour voir quelques autres œuvres, « les dernières ». Et l’on descend à la cave. Les vieilles caves de l’école, basses, humides, anéchoïques… On chuchote, on se penche. Et soudain, au milieu un virage où l’artiste ne nous demande pas de nous arrêter : un divan sur lequel est assis, courbé, un monsieur. En costume-cravate noir. Il ne fait rien, il est immobile, on se demande si c’est le père qui y est allé par un autre chemin, on se demande même s’il est « vrai ». Dans la pénombre du sous-sol, on doute de tout. Quand on remonte, rien n’a changé. La lumière du soleil est là, le père aussi. Les visiteurs quittent les lieux étonnés, peut-être même épatés.

Makis Malafékas